Évolution de l’âge moyen des défunts 2019-2023 en France

Dans notre article sur l’évolution des décès à fin août 2023, nous avions observé une forte baisse du nombre de décès au niveau national : près de 6 %. L’une des hypothèses était une amélioration de l’espérance avec une augmentation de l’âge moyen des défunts.

1. Évolution de l’âge moyen des défunts

Sur un plan annuel, l’âge moyen des défunts en 2023 (données à fin août) est de 79,6 ans, soit quasi équivalent à 2022 (79,7 ans) mais nettement plus que 2021, où nous avions atteint un point bas à 79,4 ans. C’était la première fois que l’âge moyen des défunts n’avait plus augmenté depuis des décennies. Il faut savoir que sur un total annuel de 650 000 décès, une variation de 0,3 année est très importante. Pour ceux qui souhaitent se replonger dans ce sujet, vous pouvez lire l’article Pyramide des âges et espérance de vie en France en 2023 de juin 2023.

• Données annuelles

On n’observe pas de différence majeure entre l’évolution pour les hommes et pour les femmes, l’écart reste stable autour de 7,1 ans (ce qui est très important).

• Données mensuelles

Si on reprend l’analyse avec une base mensuelle, on ne constate pas d’augmentation de l’âge moyen en 2023 des défunts, ce qui peut sembler étonnant au vu de la forte baisse des décès.

Nous observons de fortes variations en fonction des mois. Les points bas sont en juin et juillet. Une analyse est prévue à ce sujet.

Les variations mensuelles confirment la relative stabilité des écarts entre l’âge moyen de décès des hommes et des femmes. Mais pourquoi les défunts sont-ils plus jeunes l’été ?

2. Âge moyen des défunts selon le département

Si on veut vivre longtemps, il faut habiter dans le Tarn ou dans le Lot ! En effet on observe que dans les départements du Massif central, l’âge moyen des défunts est nettement supérieur à celui constaté dans le Nord ou l’Est de la France. Les départements affichant l’âge moyen décès le plus faible sont ceux de territoires d’outre-mer, notamment Mayotte (53 ans) ou la Guyane française (62 ans). En France métropolitaine, les départements où l’âge moyen des défunts est le plus faible sont Paris, avec 74,5 ans (attention : ce chiffre est très bas car c’est principalement à Paris que se trouvent des hôpitaux pour enfants atteints de maladies graves) et la Seine-Saint-Denis, avec 75 ans.

3. Âge maximum des défunts

Par curiosité, j’ai voulu regarder dans la base de données quels étaient les records d’âge des défunts. Nous avons tous en tête Jeanne Calment, décédée à 122 ans, 5 mois et 14 jours.

Jeanne Calment est décédée en 1997, d’où son absence dans notre tableau. Mais on remarque des erreurs dans le fichier pour les 3 premiers défunts. En effet, 134 ans serait un record mondial inconnu. Concernant Jean Kobzar, j’ai trouvé un avis de décès le concernant sur le site libramemoria : étrangement, l’INSEE est indiqué comme source des données. A-t-il vraiment existé ? En ce qui concerne Lucille Randon, nous en avons la certitude, car cette religieuse a été doyenne de l’humanité (source Wikipedia). J’ai également retrouvé la trace officielle de Tava Colo sur le site de Wikipedia : elle a été une doyenne française. On peut ainsi remarquer qu’il y a sûrement quelques erreurs, mais que nous retrouvons bien des doyennes françaises.

4. Moyenne d’âge des défunts par ville

En France, le taux de mortalité est de 9,8 pour 1 000 habitants (source: INSEE). Sachant que le décès est généralement répertorié à l’hôpital du décès, si le décès a lieu à l’hôpital et non dans le lieu d’habitation, il s’avère que de nombreuses villes ou petites villes ont un nombre limité de défunts et donc des taux de mortalité facialement anormalement bas. J’ai prévu une étude à ce sujet, car il faut rééquilibrer en intégrant la présence ou non d’établissement de santé. Mais il est donc cohérent qu’une ville sans hôpital affiche un taux nettement plus bas le taux de mortalité. C’est pourquoi je vous présente dans cet article des villes de 3 tailles différentes : j’ai exclu les villes de moins de 10 000 habitants, où le nombre de décès est trop limité pour sortir des statistiques pertinentes.

Tableau des villes entre 10 001 et 50 000 habitants qui ont les défunts les plus âgés en 2022

Tableau des villes entre 50 001 et 100 000 habitants qui ont les défunts les plus âgés en 2022

Tableau des villes entre 100 001 et 1 000 000 habitants qui ont les défunts les plus âgés en 2022

En plus de l’âge moyen par ville, j’ai ajouté le taux de mortalité. Comme vous pouvez le constater, celui-ci est très variable d’une ville à l’autre. Il ne peut être étudié sans intégrer dans la ville la présence ou non d’établissements de santé (hôpitaux / EHPAD, cliniques). En effet, près de 55 % des décès ont lieu en EHPAD.

Une simple lecture permet d’observer que le taux de mortalité est nettement plus fort dans les villes de plus de 100 000 habitants. Ainsi, l’âge moyen par ville n’est pas représentatif de la longueur de la vie… et il ne suffit pas d’habiter à Mérignac ou Épinay-sur-Orge pour espérer vivre longtemps…  L’âge moyen par département semble néanmoins un bon indicateur, sans oublier qu’il existe bien des hôpitaux dans le Tarn ou le Lot !

Conclusion

L’évolution de l’âge des défunts se stabilise après les péripéties du Covid, où pour la première fois, en 2021, on a connu une baisse importante. On ne peut pas expliquer la baisse de la mortalité par l’augmentation de l’âge des défunts : il faut aller chercher d’autres raisons, comme par exemple l’amélioration de l’espérance de vie (notamment grâce au retour à la normale dans les hôpitaux). Cet article soulève de nombreuses questions qui vont nécessiter d’autres études plus spécifiques… À suivre.

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